Fusillade du Theatro à Lille : l'accusé se défend d'avoir voulu tuer

L. Levy / M. Quinart / P. Duluc ©F3

"Coupable" d'avoir tiré mais "pour faire peur" : le principal accusé de la fusillade contre une discothèque lilloise, le Theatro, qui avait fait deux morts et six blessés à Lille en 2012, a reconnu lundi avoir tiré à la kalachnikov sur la boîte mais sans intention de tuer. (VIDEO)

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A l'ouverture du procès aux assises du Nord, à Douai, la présidente de la Cour a demandé au principal accusé Fayçal Mokhtari s'il était l'auteur des coups de feu. "Coupable", a répondu Mokhtari en pleurant, crâne dégarni, chemise claire et carrure athlétique. Il est resté longtemps prostré dans le box des accusés.

Mais il a ensuite tenté de minimiser sa volonté de tirer une rafale pour tuer, alors qu'il avait été éconduit de cette boîte de nuit prisée des amateurs de Rn'B, où dansaient 300 personnes, dans le quartier nocturne de Lille, le 1er juillet 2012.

"Je reconnais m'être présenté devant la boîte où j'avais eu une altercation avec un vigile. Je suis allé à la voiture et j'y suis retourné (au Theatro, ndlr) pour faire peur et je ne pensais pas qu'il y aurait des morts", a-t-il ajouté d'une voix chevrotante. Ses pleurs ont été rapidement qualifiés auprès de "larmes de crocodile" par Me Blandine Lejeune, avocate de la famille d'Hamza Belaïdi. Cet Algérien de 26 ans travaillant pour un bailleur social a été tué dans la fusillade, tout comme Sabrina Vasseur, une esthéticienne de 25 ans qui tenait le vestiaire pour arrondir ses fins de mois. 

Préméditation ?

Une des questions clefs de ce procès prévu jusqu'au 6 décembre est de déterminer s'il s'agit bien "d'assassinats". Certes, M. Mokhtari a eu un "comportement irrationnel", agissant "avec une violence extrême".

"Mais s'agit-il d'un assassinat quand on tue des personnes qu'on ne connaît pas ?", s'interroge Eric Plouvier, son avocat. Dans la nuit du samedi au dimanche 1er juillet 2012, Mokhtari est refoulé de la boîte de nuit où il s'est présenté alcoolisé avec Djelloul Cherifi, proférant des menaces. Les deux hommes retournent à leur voiture, sortent du coffre une kalachnikov, puis ouvrent le feu pendant une trentaine de secondes sur la façade de l'établissement.

"Manque d'empathie" 

Après cinq jours de cavale, les deux suspects sont finalement arrêtés en Catalogne espagnole alors qu'ils tentaient de rejoindre le Maghreb. L'expert psychiatrique Bruno Fengler, qui a longuement déposé à la barre lors de cette première journée consacrée aux études de personnalité, a souligné les "traits narcissiques", le "déficit émotionnel" ainsi que le "manque d'empathie" de Mokhtari.

Selon les conclusions de la présidente après l'enquête de personnalité, Mokhtari a connu "une enfance normale" à Tourcoing "au sein d'une famille nombreuse avec une éducation stricte et des principes", marquée ensuite par "une scolarité pas aboutie" et différents petits boulots, avant d'écoper de plusieurs condamnations (vol aggravé, stupéfiants). Mokhtari, qui a huit frères et soeurs, a révélé être le père de cinq enfants, dont deux nés lors de sa détention.

L'autre question de ce procès est le rôle de son présumé complice, Djelloul Cherifi, 28 ans. Les deux hommes se sont connus huit mois avant les faits. Cherifi, ancien champion de boxe thai de Belgique en 2009, n'a jamais été condamné.

La présidente de la Cour a rappelé qu'en droit le complice risque autant que l'auteur mais Cherifi, qui conduisait la voiture le soir de la tuerie, a vertement réfuté toute complicité. "Je plaide non coupable. Je ne suis pas responsable de ses actes", a-t-il dit en désignant Mokhtari.

Les deux accusés encourent la réclusion à perpétuité.
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